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l’oripeau et le clinquant y étaient trop prodigués.

Les Valenciens portaient des maillots d’un saumon un peu trop vif et des grègues d’un calicot trop éblouissant, pour satisfaire un voyageur qui s’était promené des heures entières devant la Lonja-de-Seda, sur le marché, de la porte du Cid au Grao, et dans cette belle Huerta qu’arrose le Guadalaviar.

Les Andalous, avec leur tenue de figurants, rappelaient peu les majos de Séville et de Grenade, à la culotte de punto, aux bottes piquées de soie de couleur, aux boutons de filigrane d’argent, au chapeau élancé, orné de velours, de paillon et de houppes de soie ; aux vestes merveilleuses, enjolivées de broderies plus compliquées que les arabesques de l’Alhambra.

Quant aux femmes, la fantaisie avait encore plus de part dans leur costume. Il y avait là des Andalouses qui ressemblaient, à faire peur, à des Ketty d’opéra-comique. C’était de l’espagnol-suisse ; les Madrilènes, encore plus débonnaires que les Parisiens, n’y regardent pas de si près, et même ils devaient trouver ces corsets de velours et ces galons d’argent d’un goût tout à fait raffiné. Mais ce qui avait le plus de succès, incontestablement, auprès d’eux, c’étaient les exercices de Turcs classiques, qu’on eût crus dessinés par Goya, tant ils