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Le bateau à vapeur que nous montions était d’une plus grande dimension et d’une force plus considérable que les précédents, car il devait nous conduire jusqu’à Marseille.

Une brise assez fraîche et saturée de parcelles salines nous annonçait le voisinage de la mer ; et bientôt une barre de lapis-lazuli se dessinant avec vigueur à l’horizon, au-dessus des terres plates d’une anse, nous fit chanter en chœur les vers de don César de Bazan, ainsi modifiés :


Nous allons donc enfin, aimable destinée,
Contempler ton azur, ô Méditerranée !

Quelques heures après, nous étions à Marseille, la capitale du royaume de Méry, premier du nom. — Nous passâmes six jours dans les Capoues de sa conversation, oubliant le voyage, et l’Afrique rêvée, et le temps qui s’écoulait, oubliant tout. Le feu d’artifice commençait dès le matin sans craindre le soleil, et c’étaient des bombes, des fusées et des bouquets d’esprit à se détacher sur la plus pure lumière comme des diamants sur un fond d’or ! Méry ne devrait marcher qu’accompagné de six sténographes. Il se promène dans la vie semant des trésors sur les chemins comme ces magnats hon-