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de répétition ; pourtant l’élégance ne manquait pas entièrement. Le plus pauvre jupon, le plus mince fichu prennent sur ces tailles souples et ces bustes bien modelés, une grâce hardie et provocante. Les Espagnoles ont des allures si moelleuses et si vives en même temps, un coup d’œil si direct et si furtif à la fois, qu’elles se passent parfaitement de beauté ; vous êtes charmé, et il vous faut de la réflexion pour vous apercevoir que la femme dont vous étiez enthousiasmé n’a réellement rien de remarquable. Cette séduction, cette grâce, ce je ne sais quoi s’appellent la sal (le sel). On dit d’une personne qu’elle est salada (salée) ; cet éloge renferme tout.

Les comparsas sont des échantillons des danses nationales des anciennes provinces d’Espagne, qui s’exécutent aux occasions solennelles pour célébrer un avénement, un mariage ou une victoire.

Dans le café de Cervantès, tous les royaumes d’Espagne avaient leurs représentants : Manchegos, Gallegos, Castillanos-Viejos, Valencianos, Andaluces, plus ou moins authentiques ; Castillans de Lavapies, Andalous du Rastro, Manchègues qui n’avaient jamais dépassé l’Arroyo d’Abrunigal, non pas tous sans doute, mais quelques-uns ; les danseuses nous parurent prin-