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pondit que c’était la répétition des comparsas qui devaient s’exécuter aux jours de fêtes sur la place du Palais, à l’hôtel de ville, à la Puerta-del-Sol et au Prado.

Cette répétition avait lieu dans le jardin et les salles basses de l’ancien café de Cervantès, dont l’entrée donne sur la rue d’Alcala, avec laquelle la rue del Barquillo se coupe à angle droit. Un de nos amis espagnols, car nous en avons, eut la complaisance de dire deux mots au maître de ballet, qui nous laissa entrer et nous permit d’assister aux exercices préparatoires.

Ils étaient, là dedans, une centaine environ, hommes et femmes de la plus belle humeur, se démenant comme des enragés et riant comme des fous : le maître de danse tâchait de régler un peu cette fougue et de contenir la cachucha dans des bornes constitutionnelles.

Parmi les femmes, il y en avait peu de jolies, car on avait choisi, non les plus belles, mais les meilleures danseuses ; cependant une Espagnole, à moins qu’on ne lui crève les yeux, ne peut jamais être laide, et un visage où brillent ces deux étincelles de jais humide a toujours des moyens de plaire.

Leur toilette était des plus négligées, — une toilette