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France partout où ils vont. En mettant le pied sur les marches du palais, ils étaient acceptés de tout le monde, sinon politiquement, du moins personnellement ; ils avaient plu, et les épithètes de guapo, de bonito, de buen mozo voltigeaient sur les lèvres des Madrilènes : le soir, le duc de Montpensier était déjà appelé Tonito (le petit Antoine) par les gens du peuple et les manolas.

C’était un spectacle magnifique que cette place del Arco remplie de troupes, d’équipages, de chevaux et de curieux, et surtout de curieuses, reflétant dans leurs yeux noirs la lumière du ciel le plus pur.

Au bout d’une heure à peu près, occupée par la réception du cortége et l’entrevue des fiancés, les princes remontèrent en voiture et se rendirent à l’ambassade de France, où de splendides appartements leur avaient été préparés, et où le duc de Montpensier devait habiter jusqu’à la célébration de son mariage.

Le lendemain, en passant par la rue del Barquillo, nous entendîmes un fron-fron de guitares et un cliquetis de castagnettes qui semblaient sortir de dessous terre : un groupe de flâneurs, comme il en existe tant à Madrid, stationnait devant une petite fenêtre basse ; nous demandâmes de quoi il s’agissait. On nous ré-