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dans un nuage étincelant d’officiers bigarrés et ruisselants d’or, traînant après eux un tumulte de landaus, de cabriolets, de calèches, de coupés, de diligences, de calesins, de berlingots de toute époque, attelés de mules et cherchant à se dépasser pour aller jouir plus loin de la vue du cortége.

Ce qui nous amusa le plus, ce furent les timbaliers et les alguazils à cheval ; ces hommes, tout de noir habillés, coiffés de chapeaux à la Henri IV, sentant leur vieille Espagne d’une lieue à la ronde, donnaient à la cérémonie un caractère tout local.

Aux limites de la ville une députation de l’ayuntamiento, ayant en tête ses massiers armés de masses d’or, reçut les princes, qui descendirent de voiture, et, après avoir écouté une harangue espagnole à laquelle ils répondirent en français, montèrent sur les beaux chevaux qu’on avait amenés pour eux.

Peu d’instants après, le capitaine général de Madrid vint saluer Leurs Altesses royales, suivi d’un cortége de généraux, entre lesquels on remarquait le baron de Meer, Mazzaredo, Concha, Aspiroz, Zarco-del-Valle, Soria, Cortinez, la Hera, et beaucoup d’autres. Narvaez était absent, quoiqu’il eût dû être invité comme général et comme grand d’Espagne, chaque administration