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tagne, ou, s’ils ne l’avaient pas été, une machine infernale à la Fieschi les attendait à leur entrée en ville. Des agents anglais, disait-on, semaient l’or à pleines mains ; c’est un spectacle que nous avouons n’avoir jamais vu que celui de gens semant l’or à pleines mains, bien que nous ayons lu la phrase imprimée plus de mille fois.

Enfin, mardi, le soleil se leva radieux et serein comme un vrai soleil espagnol, et l’on sut que les princes n’étaient plus qu’à quelques lieues de Madrid.

Nous eûmes le plaisir, grâce à une place que l’on nous avait offerte dans une des voitures de l’ambassade, de nous trouver au Portazgo à l’arrivée de Leurs Altesses royales. À chaque voiture qui se dessinait dans le lointain sur la bande blanche du chemin, on disait :

— Ce sont les princes.

Ils arrivèrent sur les deux heures, et quittèrent leurs chaises de poste pour les magnifiques voitures chargées de laquais en grande livrée et traînées par de superbes attelages, que la reine avait envoyées à leur rencontre

Ils cheminèrent ainsi jusqu’aux limites de la ville,