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Sur les côtés du Prado s’ouvraient, comme des carcasses d’éventail, les linéaments de l’illumination future, et se dressaient les dessins de pavillons chinois qui devaient, pendant trois jours, flamboyer de lanternes multicolores.

Dans la plaza Mayor, où devaient avoir lieu les courses royales, fourmillait tout un monde de travailleurs. Les amphithéâtres s’élevaient à vue d’œil, et de grands bœufs labouraient paisiblement la terre dépavée, ne se doutant pas qu’ils préparaient l’arène où devaient succomber bientôt, après mille tortures, les plus vaillants de leurs frères cornus.

La plaza Mayor est ouverte par un coin. Pour rétablir la symétrie et augmenter le nombre des balcons, une maison de planches et de toiles se bâtissait comme par enchantement et comblait le vide.

Déjà sous les arcades s’agitaient les marchands de billets, demandant des sommes folles pour une place au premier rang.

La journée se passa en inquiétudes : le moindre retard des estafettes et des courriers donnait lieu à toutes sortes de suppositions ; comme d’habitude, chacun avait entendu parler vaguement d’un complot terrible ; les princes avaient été enlevés et emmenés dans la mon-