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cailloux qui entoure Madrid d’une ceinture de désolation.

Deux heures après, malgré un assez froid brouillard automnal qui se résolvait en pluie fine, nous parcourions la ville, et, remontant la calle Mayor, nous débouchions, en passant sous la voûte du bâtiment qui renferme l’Armeria, sur la plaza del Arco, et nous nous trouvions en face de ce palais où une jeune fille de quinze ans attendait, émue, inquiète et rêveuse, l’arrivée de son fiancé inconnu.


II

Le palais de Madrid est d’un aspect majestueux et d’une symétrie imposante, quoiqu’un peu ennuyeuse peut-être ; il est bâti en une espèce de granit bleuâtre, d’un grain très-fin et très-dur, avec cette solidité à toute épreuve que les Espagnols, les meilleurs maçons après les Romains, savent donner à leurs monuments ; les murailles ont près de quinze pieds d’épaisseur, et les embrasures des fenêtres forment des cabinets habitables. L’intérieur en est orné de fresques de