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gothique fleuri s’unit au style de la renaissance dans les plus heureuses proportions. Nous l’avons décrite longuement autrefois, et nous avons oublié cent prodiges ; un volume n’y suffirait pas. Quelle grâce dans ces colonnettes, dont les chapiteaux sont formés par des groupes de petits anges, soutenant sur leurs mains les consoles qui servent de piédestal aux statues des saints ! On a peine à comprendre que le ciseau ait pu découper dans la pierre ces ornements si touffus, qu’ils semblent plutôt une végétation spontanée qu’une œuvre de la patience humaine.

Hélas ! pourquoi tout ce luxe ? pourquoi toutes ces fioritures de granit pour entourer deux tombeaux ?

En effet, c’est là que reposent sur des oreillers de marbre, le grand connétable don Pedro Fernandez de Velasco, et sa femme, doña Mencia Lopez de Mendoza y Figueroa. Nous avons dit sur des oreillers de marbre, et ce n’était pas sans intention ; ils sont d’une sculpture si molle et si souple, qu’on pourrait les croire naturels. Les dessins en relief de l’armure du connétable, les ramages dont la robe de brocart de doña Mencia est ouvragée, trompent l’œil par la prodigieuse finesse de l’exécution ; c’est de l’acier, c’est de l’étoffe. Et ce petit chien, qui dort fidèlement aux pieds de sa