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périeure à l’état actuel. En supposant même que les habitants eussent assez d’aisance pour faire les frais de pareilles bâtisses, les artistes manqueraient pour les exécuter. C’est donc à cela que servent les progrès des lumières ! tout ce qui est vieux est superbe, tout ce qui est moderne est hideux. Nous ne sommes pas plus amoureux qu’il ne le faut des vieilles pierres ; mais le sens de l’architecture est tout à fait perdu. Les maçons de nos jours ne savent même pas percer une fenêtre ou une porte dans un mur. Autrefois, à ce qu’il paraît, ce sens était général ; car, dans les recoins les plus enfouis, dans les trous les plus ignorés, on découvre des chefs-d’œuvre d’art et de goût : des escaliers d’un tour admirable, des toits d’une coupe charmante, des portails sculptés à ravir, des cartouches ou des frises d’un caprice délicieux, fouillés dans la pierre par on ne sait qui, et tels qu’un roi les envierait pour la cour d’honneur de son Louvre.

À quoi attribuer cette décadence ? À la découverte de l’imprimerie, comme le fait Victor Hugo ? Alors, cette invention diabolique eût bien fait de rester dans le cerveau de Faust et de Gutenberg.

Les environs de Burgos sont moins dénudés que le reste de la Castille-Vieille ; les routes qui conduisent à