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nos parents pour les engager à payer notre rançon.

Nous devancions d’un jour Leurs Altesses royales ; car, tous les chevaux et toutes les mules de poste étant gardés pour eux, leur suite et leur bagage, nous serions restés à pied dans quelque posada borgne ou louche pour le moins, position fort mélancolique.

À Irun, où nous passâmes le soir, un arc de triomphe de feuillages occupait le milieu du pont de la Bidassoa, dont une moitié est française et l’autre espagnole : des drapeaux et des blasons aux couleurs des deux nations, des inscriptions et des cartouches en l’honneur des princes, complétaient cette décoration improvisée.

L’île des Faisans, à qui le mariage de Louis XIV a donné une célébrité historique, disparaît de jour en jour, rongée par la marée d’un côté, et par le fleuve de l’autre ; il n’en restera bientôt plus que le souvenir.

À Tolosa, les ouvriers achevaient en grande hâte un arc de triomphe en charpente, recouvert de toiles simulant le granit, et peintes à la manière des décorations de théâtre. Les rayons du jour naissant éclairaient une inscription ainsi conçue : Au duc de Montpensier, la province de Guipuscoa !

Dans Vittoria, quelques madriers dressés annonçaient des intentions équivalentes.