Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que dans seize ans : en effet, il faudrait le mariage d’une infante, fille de la reine actuelle, pour amener le retour d’une course royale ; et qui sait si alors les vieilles coutumes n’auront pas tout à fait disparu, et si, grâce à la froide barbarie que nous appelons civilisation, la chevaleresque Espagne pratiquera encore ce noble divertissement illustré par le Cid et Charles-Quint ?

Ces courses royales, où l’on déploie toutes les ressources et toutes les recherches de la tauromachie, se donnent, non au cirque d’Alcala, mais dans la plaza Mayor ; c’est pour elles que les toreros réservent leurs plus beaux coups, et que les gentilshommes descendent dans l’arène.

Cela valait bien les quatre cents lieues de l’aller et les quatre cents lieues du retour.

Aussi jetâmes-nous à la hâte un peu de linge et quelques paires de gants blancs dans notre mince valise, et, à l’heure dite, montions-nous en voiture avec notre compagnon de route, M. de V., dont l’aimable société n’était pas un des moindres attraits du voyage.

Au chemin de fer de Tours, on plaça la calèche sur un wagon. Une calèche en voiture aurait paru, il y a quelques années, une chose bien bizarre ; maintenant,