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dans sa sphère et suivant ses forces, coopéraient avec lui au développement de la colonisation.

Il appartenait au président de la chambre de commerce d’Alger de proposer un dernier toast, à la prospérité des chemins de fer algériens. Après quoi, les convives regagnèrent la gare, et le train les remporta rapidement à Alger, où ils retrouvèrent la population en joie.

La fête publique, sur la place du Gouvernement, avait un caractère d’animation tout particulier. Nous ne parlerons ni des courses en sac, ni des ascensions aux mâts de cocagne ; ces divertissements sont assez connus ; mais nous signalerons une espèce de pyrrhique exécutée par des nègres choquant des bâtons en cadence, au son d’une musique stridente et sauvage, avec cette infatigable ardeur pour la danse qui distingue la race noire. Cette ronde fantastique, si elle n’eût eu lieu aux rayons d’un soleil brûlant, aurait fait naître l’idée d’une ronde du sabbat.

Le soir, des cordons de feu dessinaient les élégants contours de la mosquée, les arcades des hôtels, et traçaient, au milieu du labarum, le chiffre impérial. Les bombes à pluie d’or et d’argent d’un feu d’artifice tiré au jardin Marengo allaient chercher les étoiles dans