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dans la plaine de la Mitidja, où la voie pénètre par une courbe gracieuse.

C’est d’abord de vastes espaces à demi dénudés ; des troupeaux nombreux cependant y paissent l’herbe rare, et parmi des bouquets de verdure apparaissent les habitations des colons et les douars des indigènes. Çà et là un pâtre, drapé dans son burnous, se dresse et regarde ; de distance en distance, placé en vedette le long de la voie, un de nos fantassins présente les armes, un cavalier salue de son sabre, maintenant à grand’peine son cheval qui se cabre.

Après les immenses jachères, voici des vignes, des champs de tabac, des plantations tout européennes : c’est la campagne de Bouffarik, un ancien marais dont nos laboureurs, rivalisant de courage avec nos soldats, ont fait une Normandie.

Voici les orangers de Blidah ; le train s’arrête, accueilli par la mousqueterie d’une troupe de cavaliers arabes postés dans une attitude pittoresque sur la crête de la tranchée : une grande affluence d’Européens et d’indigènes mêlait au pétillement de la poudre les vivat les plus chaleureux.

M. de Chancel, sous-préfet de l’arrondissement, et M. R. de Montagny, maire de Blidah, étaient venus re-