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ture du rêve, Constantine perchée sur son roc comme une aire d’aigle, Oran penchée sur son gouffre de verdure, maintenant comblé, et cette blanche Alger qui s’adosse à sa montagne, les pieds et la tête baignant dans un éternel azur.

Eh bien, nous avons revu Alger. Une gracieuse invitation envoyée par la Compagnie du chemin de fer de Blidah nous a fait cette joie inespérée. Nous voilà encore sur cette place du Gouvernement où nous avons fait tant de tours de promenade ; seulement, la Djennina, qui en garnissait le fond, a disparu ; mais la mosquée dont le dôme s’arrondit si gracieux et la tour qui la surmonte ont conservé intacte leur physionomie orientale. Un palmier nouvellement transplanté s’épanouit devant l’hôtel de la Régence.

Avant que la ville française s’éveille, car la marche du Thabor a été si rapide, que nous sommes arrivé aux premières lueurs de l’aube, — nous escaladons les rues escarpées de la vieille ville moresque. Là, rien n’est changé. À peine quelque maison européenne s’est-elle hasardée à mi-côte parmi ce dédale de ruelles blanchies à la chaux, si étroites parfois, que deux ânes chargés n’y peuvent passer de front. Les étages surplombent encore, étayés de poutrelles, et les maisons se touchent par le