Page:Gautier - Les musiques bizarres à l’Exposition de 1900, volume 1, 1900.pdf/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
LA MUSIQUE CHINOISE

de sept pieds deux pouces, nombre sacré, figurant les divisions du ciel ; le lac du Dragon (le chevalet sur lequel s’appuient les cordes) était à huit pouces de l’extrémité inférieure pour représenter les huit aires du vent ; et l’étang du Phénix (point où s’attachent les cordes) à quatre pouces de l’extrémité supérieure, pour répondre aux quatre saisons.

Il existait un autre instrument à cordes, nommé ché, fait en bois de mûrier et pourvu de cinquante cordes, qui furent plus tard réduites à vingt-cinq.

Les flûtes représentaient aussi le règne végétal ; il y en eut de plusieurs sortes : le Yo fait d’un tube percé de trous ; le Ty dont l’embouchure était à demi-bouchée et échancrée, et le Té-ké, sorte de flûte traversière bouchée aux deux bouts et ayant son embouchure au centre, trois trous étant percés de chaque côté. On faisait aussi des flûtes en terre-cuite et ces dernières étaient déjà en usage 2 630 ans avant notre ère.

Les planchettes de bois que l’on heurtait de la main avaient pour but de rappeler que les Chinois primitifs écrivaient sur des lames de bois. Le Tchou était aussi un instrument en bois, il avait la forme d’un tigre couché ; sur le dos de l’animal étaient fixées des chevilles, sur lesquelles on frappait, par trois fois, à la fin d’un morceau.

Le bambou, qui est pour les Chinois une essence particulière, différente du bois, représentait l’élément humide. Il servait aussi à la fabrication des flûtes. On en fit d’abord de diverses longueurs et on les joignit les unes aux autres, à l’aide d’un cordon de soie. Il y en avait deux séries de douze, l’une nommée Yang, l’autre Yn, qui devaient correspondre aux principes créateurs ; puis une troisième série de seize, nommée Siao.

Le Tchou, sorte de tambour, représentait le règne animal ; il avait la forme symbolique du boisseau à mesurer les grains, la caisse était en bois de cèdre ou de santal.

Les instruments en métal étaient les cloches, de différentes tailles, fortement aplaties et échancrées des bords ; il en existait trois espèces : les pa-tchoun, grosses cloches isolées, sur