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pour m’habiller ; regardez un peu dans la rue, monsieur Dalberg, je vous en prie, ou passez dans une autre pièce, dit Amine d’un ton de pudeur fort peu alarmée en se laissant glisser sur le tapis d’hermine étendu devant son lit, et en fourrant ses pieds mignons dans les pantoufles doublées de cygne que lui présentait sa camériste agenouillée.

— À propos, dit Florence, vous avez sans doute rendu à M. Dalberg le médaillon que vous lui avez enlevé par plaisanterie ?

— Non pas… je le garde pour le taquiner.

Un léger pli contracta le front de Florence, qui reprit aussitôt :

— Et vous connaissez le nom de la personne qu’il représente ?

— Pas encore, mais je le saurai.

Une imperceptible rougeur monta aux joues de Florence.

— Pourquoi faire ? dit-elle d’un ton négligent.

— J’ai des dispositions à détester les gens qu’aime M. Dalberg.

— C’est un aveu, cela…

— Oh ! non, je suis jalouse sans être amoureuse.

— Allons, vous pouvez reparaître, dit Amine en élevant la voix ; je suis habillée de façon à ne plus alarmer votre candeur.

— Si monsieur veut nous accompagner, dit Florence, il y a une place pour lui.

— J’accepte avec reconnaissance, répondit Dalberg en s’inclinant.

Et il suivit les deux femmes sans trop savoir s’il était content ou fâché, et si l’arrivée de Florence avait été opportune ou intempestive.

Quant au monsieur installé dans le salon, il avait fini sa dernière brochure, lorsque Annette vint lui annoncer qu’Amine, ayant une migraine atroce, ne se lè-