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émeute (je parle des années suivantes), enfin un événement quelconque, me débarrassait toujours de mes condamnations.

Mais les temps sont bien changés ; je suis devenu un homme presque sérieux : je n’ai pas déménagé depuis trois ans, et, depuis trois ans, j’ai reçu des billets de garde de toutes les couleurs.

J’ai bien eu pour moi le 2 décembre, la proclamation de l’empire, le mariage de l’empereur ; mais tout cela n’a qu’un temps, et je me suis trouvé un beau jour en face de trois refus de service.

Je ne savais même pas de quelle compagnie j’étais.

J’ai imploré l’indulgence du tribunal, et le tribunal a été indulgent, trop indulgent ; car la seule raison que je faisais valoir était que je n’avais pas d’habit. Quelle mauvaise raison ! Enfin elle m’a réussi ; il n’y a rien à lui dire. J’ai été condamné à la simple réprimande, ce qui ne m’était pas arrivé depuis ma première année de collège.

Je me suis senti à la fois blessé dans ma dignité par cette punition, et vaincu dans mon