comme cela, — monsieur ! — faites-moi l’honneur et le plaisir de ne plus me prendre pour un sot.
— Sur quelle herbe avez-vous marché aujourd’hui, mon cher Henri ? Je passe à votre désespoir amoureux des libertés qui seraient fort mal venues de la part de tout autre.
— Je vous remercie de votre magnanimité, baron ; fâchez-vous, cela me fera plaisir. — Prenez mes paroles dans le sens qui vous déplaira.
— C’est un duel que vous voulez ?
— Oui ; un de nous deux est de trop sur terre.
— Vous parlez comme un cinquième acte de mélodrame, mon cher. — Tout cela n’a pas le sens commun, il n’y a pas entre nous le plus léger motif de querelle ; on vous chasse d’une maison pour une histoire de portrait qui fait prendre la mouche au père et à la fille. — Suis-je pour quelque chose là-dedans ? — Vous m’envoyez plaider votre cause ; j’explique comment tout s’est passé, je fais votre éloge. M. Desprez ne veut plus entendre parler de vous sous aucun prétexte ; il prétend que vous êtes un joueur, un débauché, un chenapan. — Mademoiselle Calixte conserve le plus vif ressentiment contre vous ; elle vous croit l’amant de la Beauvilliers et ne vous reparlera plus de sa vie. Qu’y puis-je faire ?
— Je veux que vous ne remettiez plus les pieds chez M. Desprez, et je vous défends de vous occuper de Calixte.
— Mon cher, vous délirez. Avez-vous la prétention que mademoiselle Calixte passe le reste de sa vie à regretter dans la solitude l’amant heureux d’Amine, et comptez-vous pourfendre tous les gens qui lui feront la cour ?
— Ce ne sera pas du moins vous qui la lui ferez !
— Pourquoi pas ? — Dès que vous êtes hors de cause, le champ est libre, même pour moi. Si vous