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LES PRINCESSES D’AMOUR

— C’est justement ce qui me surprend le plus, dit Guitare de Jade. Comment a-t-elle puisé le courage d’une mort aussi cruelle, dans la seule répugnance d’un être d’une autre race ? Elle n’avait d’amour pour personne, et il me semble que l’amour, seul, donne le désir et la force de mourir.

— Comment savez-vous cela ? demanda Petit Papillon ; vous n’avez jamais été amoureuse.

— Personne n’ignore que j’ai livré mon cœur à une passion, impossible, pour un divin poète, mort il y a neuf cents ans. Cela me préserve de toute faiblesse, et me permet de n’éprouver qu’une paisible indifférence, pour tous les hommes que je reçois. Mais s’il fallait renoncer à mon rêve, renier mon