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dédaigné de la visiter, et traités frugalement, selon notre modeste revenu, pendant quelques jours, ils s’en sont au moins allés sans rien payer.

« Rem novam, ô Garasse, filius cauponis in celeberrimâ Galliarum regis aulâ annos ultrà tredecem nutritus, tot nobilium familiaritate notus ! »

« Ce serait une chose nouvelle, à Garasse ! qu’un fils de cabaretier nourri pendant plus de treize ans à la cour d’un roi de France, et honoré publiquement de la familiarité de tant de grands personnages ! »


Le père de Théophile, dans cette retraite de Boussère, se livra tout entier à l’étude des belles-lettres, et ce fut probablement lui qui donna les premières leçons à son fils ; — car il paraît, par une lettre de celui-ci à Balzac, qu’il n’avait pas reçu une éducation dans les formes. « Je n’ai eu pour régens que des écoliers écossais, et vous des docteurs jésuites. » Ce qui ne l’a pas empêché d’être très-instruit et très-excellent poëte. — Un passage de la Doctrine curieuse montre qu’il fit sa philosophie à Saumur. Théophile vint à Paris en 1610 ; il avait alors vingt ans. — S’il faut s’en rapporter à un portrait qui illustre la dernière édition de ses œuvres, il n’était rien moins que beau garçon. — Il est représenté avec un pallium antique sur l’épaule, une couronne de laurier sur le chef, ce qui produit un singulier contraste avec ses moustaches troussées en l’air et sa barbe taillée à la manière des raffinés ; c’est une figure osseuse et sèche, profondément labourée en tous les sens, les protubérances frontales fortement accusées ; l’œil mal fendu, mais plein de feu ;