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Le bain de tripes n’y fit pas plus que les eaux de Bourbon, qu’il était allé prendre par deux fois, et qui n’avaient pas même réussi, comme il le dit plaisamment, à changer son pis en simple mal. Si ces voyages ne contribuèrent pas au rétablissement de sa santé, ils servirent du moins sa fortune. Il y fit quantité de belles connaissances, et s’y créa d’illustres relations. Les deux Légendes de Bourbon, qu’on peut mettre au nombre de ses plus agréables poèmes, lui fournirent l’occasion de placer toutes sortes de gracieusetés et d’allusions flatteuses pour les grands personnages avec lesquels il s’était trouvé aux eaux : il y acquit un protecteur dans la personne de Gaston de France, duc d’Orléans, frère de Louis XIII, qui daigna s’informer de la santé du pauvre diable, et parut s’intéresser à sa situation. — Il s’employa pour faire revenir d’exil le père Scarron ; mais soit qu’il n’eût pas pris sa cause assez chaudement, soit que le ressentiment de Richelieu persistât encore, le conseiller récalcitrant ne fut pas rappelé, et il mourut à Loches, en Touraine, c’est-à-dire sans autre divertissement que le voisinage de son ami l’abbé Deslandes-Payen, conseiller de la grand’chambre, prieur de la Charité-sur-Loire et abbé du Mont-Saint-Martin. Le duc de Saint-Aignan en particulier fut si flatté de l’endroit qui le regardait dans la Légende de Bourbon, qu’il en remercia Scarron par une épître en vers de sa façon, à laquelle celui-ci ne manqua pas de répondre. Mais ceux qui lui firent le plus d’accueil à Bourbon furent un M. Fransaiche et sa femme, qui l’emmenèrent dans leur maison, où il resta un mois, gorgé de bonne chère et de friandises ; car dans le grand