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Mais où est le preux Charlemaigne ?


Voilà la triste réponse qu’il fait à sa question.

Dans la troisième ballade, posant sa pensée d’une manière plus large, et comme pour en finir avec tout le monde, il demande où sont les preux, les héraults, les trompettes, les poursuivants ? Le refrain est :


Autant en emporte ly vens.


Après cette longue énumération il se dit qu’il peut bien mourir, lui pauvre diable,


Qui, vaillant plat ny escuelle,
N’eut oncques n’ung brin de persil :
............
Puisque papes, roy, fils de roys,
Et conceuz en ventres de roynes,
Sont enseveliz mortz et froidz.


Cependant l’idée de la mort l’obsède, et, plus loin, il reprend le sujet et écrit la belle méditation que je vais copier. La scène est aux charniers des Innocents ; il vient de léguer ironiquement ses grandes lunettes aux Quinze-Vingts, afin qu’ils puissent mettre à part, dans le cimetière, les gens de bien d’avec les déshonnêtes.


Icy n’y a ne ris, ne jeu ;
Que leur vault avoir eu chevances,
N’en grands lictz de paremens geu[1],
N’engloutir vin en grasses panses,
Mener joye, festes et danses,
Et de ce prêt estre à toute heure ?

  1. Couché dans des lits à estrade.