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Notre poète comique, qui savait le cardinal rancunier comme un Espagnol, et vindicatif comme un Corse, laissa du temps s’écouler, et lorsqu’il pensa le ressentiment de l’affaire amorti, il se hasarda d’adresser une requête à l’éminence, démarche d’autant plus nécessaire, que, pendant l’absence du père Scarron, la marâtre, restée à Paris, n’avait rien négligé pour s’approprier le bien, et que la pension du pauvre infirme, comme vous le pouvez penser, n’était guère exactement payée. Dans cette requête, une de ses meilleures pièces, il demande à monseigneur le cardinal la grâce de son père, qu’il excuse de son mieux. Depuis ce malencontreux exil, Paul fils de Paul se trouve attaqué d’un mal bien dangereux :


C’est pauvreté, qui perd tous les esprits
Et tous les corps quand par elle ils sont pris.
Elle me prit lorsque mon pauvre père,
Qui de vous seul tout son salut espère,
Prit certain mal qu’on prend au parlement,
Et qu’on ne prend ailleurs aucunement.
Ce mal, nommé le zèle des enquêtes,
Fait aujourd’hui grand mal à bien des têtes.


Tout en demandant le retour de son père, il sollicitait en passant la faveur d’un petit bénéfice, mais d’une manière épisodique et timide, et seulement comme pour prendre acte. La requête se termine par ces quatre vers, c’est-à-dire en vile prose en l’an 1642 :


Fait à Paris ce dernier jour d’octobre,
Par moi Scarron, qui malgré moi suis sobre,
L’an que l’on prit le fameux Perpignan,
Et sans canon la ville de Sedan.


C’était flatter l’orgueil du cardinal à deux endroits bien