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Combien que en pesché soye mort,
Dieu vit, et sa miséricorde ;
Et si ma coulpe[1] me remord,
Par sa grâce pardon m’accorde.

Si par ma mort le bien publique
D’aucune chose vaulsit[2] mieux,
À mourir (comme ung homme inique),
Je me jugeasse, ainsi m’aid’Dieux.
Grief ne fais à jeune ne vieulx.
Soye sur pied, ou soye en bierre,
Les montz ne bougent de leurs lieux
Pour ung povre n’avant n’arriére.
............
Des miens le moindre (je dis voir)
De me désadvoüer s’avance,
Oublyant naturel devoir,
Par faute d’ung peu de chevance[3].
............
Hé Dieu ! se jeusse estudié
Au temps de ma jeunesse folle,
Et à bonnes mœurs dédié,
Jeusse maison et couche molle ;
Mais quoy ! je fuyoye[4] l’escolle
Comme faict le mauvais enfant.
En escrivant ceste parolle
À peu que le cueur ne me fend.
............
Mes jours s’en sont allés errant,
Comme dit Job.


Il est impossible d’avoir un ton plus pénétré et de s’exprimer d’une façon plus amère et plus touchante.

Ensuite il en vient à jeter un regard autour de lui, et, se trouvant seul, il dit :

  1. Faute.
  2. Valût.
  3. Richesse.
  4. Trisyllabique.