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rite que l’on pourrait se l’imaginer d’abord ; il a de l’invention, une facilité dont il abuse toujours, il est vrai, et on rencontre çà et là des touches vives et spirituelles. Comme poète descriptif, il est souvent digne d’éloges. — L’idée d’un de ses volumes de vers intitulé le Cabinet est vraiment fort ingénieuse : il suppose une galerie formée de tous les objets d’art, tableaux ou statues, qu’il a vus en Italie ou ailleurs dans les voyages qu’il a faits ou qu’il possède lui-même, et il fait sur chaque tableau de petites pièces de vers où le récit du sujet s’amalgame avec la description ; il s’arrête fort longtemps sur le portrait du duc Armand de Richelieu, par Philippe de Champagne (ce portrait est maintenant dans la galerie du Palais-Royal), et sur celui de maître Adam, menuisier de Nevers et auteur des Chevilles. Cette peinture est de Chauvau. Il s’étend aussi fort longuement sur l’œuvre de Callot. Il a fait encore un autre volume de poésies diverses où il s’en trouve d’un tour assez agréable, outre un nombre énorme de sonnets, dont plusieurs sur la fontaine de Vaucluse et les amours de Laure et de Pétrarque, et je ne sais combien de poèmes et de harangues ; le Caloandre fidèle, roman de chevalerie traduit de l’italien, que j’ai lu il y a six ou sept ans dans un presbytère de campagne, et qui n’a pas laissé autrement trace dans ma mémoire, et le roman de Polixandre, suite de l’Astrée. On voit que c’est un auteur prolifique. Pélisson fait monter le nombre de ses vers à onze ou douze mille, calcul qui est évidemment fort au-dessous de la réalité, puisqu’il a dans son œuvre seize pièces de théâtre toutes en vers, à l’exception de la Comédie des Comédiens,