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LYGDAMON.
Oui, sur votre visage, et dans moi le souci.

 

SILVIE.
Que ces bois d’alentour ont des routes diverses !


LYGDAMON.
Autant que mon amour éprouve de traverses.


SILVIE.
Ce petit papillon ne m’abandonne pas.


LYGDAMON.
Mon cœur, de la façon, accompagne vos pas.


SILVIE.
Que le chant des oiseaux me chatouille l’oreille !

Que de tons, que d’accords ! oyez quelle merveille !

LYGDAMON.
Hélas ! belle Sylvie, un Dieu les fait chanter

Que vous allez fuyant pour ne me contenter.

SILVIE.
De grâce, Lygdamon, faites-le moi connoître !


LYGDAMON.
Donc vous n’acconnoissez ce que vous faites naître.


SILVIE.
Chaste, je n’ai point eu d’enfant jusqu’à ce jour.


LYGDAMON.
Si avez.


SILVIE.
Si avez.Nommez-le.


LYGDAMON.
Si avez. Nommez-leChacun l’appelle Amour.


Assurément, pour un homme qui tout à l’heure allait se tuer, c’est avoir l’esprit assez vif et allègre. Tout cela est d’un spirituel un peu aigu, mais l’intention de la scène est assez poétique. Cet amant qui poursuit son idée à travers toutes les choses indifférentes que dit sa maîtresse pour l’empêcher d’en venir à lui parler de sa flamme, et