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enfin, que l’auteur du Voyage à la lune, et je ne pense pas que Molière lui ait volé quelque chose.

Ce capitan littéraire naquit, vers l’an 1601, au Havre, où son père était lieutenant du roi ; il était originaire d’Apt en Provence, et il y passa ses premières années. Ce fut là qu’il connut et qu’il aima la jeune Catherine de Rouyère. Les premiers vers qu’on ait de lui sont ceux qu’il a faits pour cette belle. C’est toujours ainsi. — Et, au fond de toute vocation de poète, bon ou mauvais, il y a quelque amour de femme. — La chose est simple : il faut au poète, si classique qu’il soit, une muse un peu plus accessible et moins nuageuse qu’une des neuf vieilles filles nichées sur le Parnasse au double chef. — Georges suivit d’abord le parti des armes et servit au régiment des gardes-françaises ; puis, s’étant ennuyé de ce métier, il commença à travailler pour le théâtre. Il débuta par Lygdamon et Lydias, ou la Ressemblance. C’est une tragi-comédie, ni meilleure, ni pire que toutes celles que l’on faisait dans ce temps-là. — Il y a même au commencement une scène assez jolie et dont nous citerons quelques morceaux. Le sujet est pris du roman de l’Astrée, de M. Honoré d’Urfé, le roman en vogue de l’époque, et de qui l’on a tiré plus de pièces que l’on n’en tire aujourd’hui des contes de M. Michel Masson. Il donna ensuite le Trompeur puni, en beaucoup d’autres pièces, jusqu’à la concurrence de seize, depuis l’année 1631 jusqu’à 1644.

Lygdamon, amant rebuté de Silvie, ouvre la scène par un monologue où il agite cette question importante à savoir s’il finira sa triste existence au moyen d’un licol ou d’une épée, s’il se précipitera d’un rocher ou s’il se jettera