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Illa Capellani dudùm expectata puella
Post tanta in lucem tempora prodit anus.


Saint-Pavin, l’athée, ne paraît pas avoir plus foi au talent de Chapelain qu’aux mystères de la sainte Église ; ce sonnet en est la preuve :


Je vous dirai sincèrement
Mon sentiment sur la Pucelle.
L’art et la grâce naturelle
S’y rencontrent également.

Elle s’explique fortement,
Ne dit jamais de bagatelle,
Et toute sa conduite est telle
Qu’il faut la louer hautement.

Elle est pompeuse, elle est parée,
Sa beauté sera de durée,
Son éclat peut nous éblouir.

Mais enfin, quoiqu’elle soit telle,
Rarement on ira chez elle
Quand on voudra se réjouir.


Mais ce qui fit le plus de tort au malheureux Chapelain, ce furent les railleries de Despréaux ; elles sont tellement connues que ce serait abuser de la patience du lecteur que de les rapporter ici : nous renvoyons aux Bolæana ou additions aux œuvres de Boileau ceux dont cet échantillon n’aurait pas satisfait la curiosité. Ils trouveront là de quoi se rassasier.

Ce pauvre Chapelain eut vraiment du malheur : rester cinq ans entiers à méditer le plan d’un ouvrage, vingt ans à l’écrire, avoir usé tant d’huile et de pierre ponce, et, pour prix de tant de peines, perdre la réputation qu’il