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Mézeray, Leclerc, Gombauld, La Chambre, Silhon, Boyer, Quinault, tous de l’illustre compagnie.

Dès 1629, Chapelain se trouvait à l’assemblée tenue chez M. Conrart, qui était composée de MM. Godeau, Gombaud, Malleville, Cerisay, Civille, l’abbé de Cerisy, et où l’on s’occupait de littérature ; l’abbé de Bois-Robert, qui y venait quelquefois, en parla au duc de Richelieu, et c’est ce qui lui donna l’idée de l’Académie française. — À la seconde séance, le 20 mars 1634, Chapelain, comme l’on cherchait de quoi l’Académie se devait préalablement occuper pour se rendre digne de son titre de française, soutint qu’il fallait d’abord, et avant toutes choses, s’occuper d’épurer la langue et travailler à la rendre capable de la haute éloquence ; que, pour cet effet, il était bon d’en régler premièrement les termes et les phrases dans un ample dictionnaire et une grammaire fort exacte, qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu’ensuite elle pourrait acquérir le reste par une rhétorique et une poétique que l’on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en prose ou en vers.

La savante compagnie accéda volontiers à cette proposition ; — Chapelain arrêta le plan ; et ce dictionnaire interminable, source inépuisée de plaisanteries, et qui a fait éclore plus de sarcasmes qu’il n’est gros (ce qui n’est pas peu dire), fut commencé avec une activité qui se ralentit bientôt, plus par la nature minutieuse du travail que par manque de bonne volonté de la part des académiciens. Le cardinal de Richelieu, surpris de cette lenteur, voulant juger par lui-même si elle se devait attri-