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baron du Pec, dernier fils du marquis de Vardes, pour lui apprendre l’espagnol seulement ; il y resta quelque temps, et ensuite, par la protection de monseigneur de l’Aubespine, évêque d’Orléans, il entra chez M. de la Trousse, qui depuis devint grand-prévôt de France. Il fit l’éducation de ses deux fils, et sut si bien gagner sa confiance qu’il en vint à gérer ses affaires et à être regardé tout à fait comme de la maison ; il suivit M. de La Trousse dans ses différents voyages à l’île de Rhé, à Nantes, à La Rochelle et en beaucoup d’autres lieux, et resta dix-sept ans entiers avec lui. Ce fut dans ce temps-là apparemment qu’il traduisit le Gusman d’Alfarache, roman picaresque de Matheo Allemani, employé, sous Philippe II, à la cour des comptes de Madrid. Cette traduction n’est pas signée ; mais l’abbé de Marolles, sur le catalogue des livres qui lui ont été donnés par les auteurs, la désigne comme étant de Chapelain, ce qui est une suffisante autorité.

À travers tout cela, par obéissance filiale, sans doute, il s’occupait sourdement de poésie et surtout de poétiques ; il se préparait d’avance à ce qui devait être l’œuvre de toute sa vie et méditait peut-être déjà sa triomphante épopée. Il voyait familièrement M. de Malherbe, M. de Gombault, le doyen des poètes français et le mieux mis des hommes de lettres du temps, le puriste Vaugelas, et Faret, l’auteur de l’Honnête homme, la rime naturelle de cabaret et le plus cher ami du gros Gérard de Saint-Amant.

Vers cette époque, le célèbre cavalier Marini, étant venu en France pour faire imprimer son poème de l’Adone,