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négligence de Béroalde de Verville, d’Ollenix du Mont-Sacré, de Guillaume du Buis, de Timothée de Chillac, d’Antoine de Nervèze, d’Abraham Vermeil, de Flaminio de Birague, de Cholière, de du Souhait, de la Valletrie et de quelques autres encore, puisqu’il n’y a rien de plus fade ni de plus rampant que leurs sonnets héroïques, ni même rien de plus froid que leurs sonnets amoureux.

Après cette histoire du sonnet, il en donne les règles et en quelque sorte la syntaxe, que devraient lire et méditer avec soin beaucoup de jeunes gens de maintenant qui se mêlent d’en faire et ne se doutent pas le moindrement du monde de ce que c’est. — Il touche en passant un mot des sonnets rapportés, des sonnets doubles, enchaînés, à queue, rétrogrades, septénaires par répétition, retournés, acrostiches, mésostiches, en losange, en croix de saint André et autres dont on peut voir le véritable mode dans les écrits alambiqués de Rabanus Maurus, dans l’Apollon italien et espagnol et dans le traité exprès qu’en a fait Antonio Tempo.

Venant ensuite au sonnet en bouts rimés dont il se prétendait l’inventeur, il s’exprime ainsi :

« Un certain autre esprit bizarre eut la hardiesse et le bonheur tout ensemble d’introduire parmi nous un nouveau genre de sonnets qu’il appela bouts rimés ; ce qui a eu certes tant de succès et ce qui a tellement agréé aux plus sages qu’il n’y a presque point de bon poète qui n’ait essayé d’en faire par exemple ou par divertissement… Mais comme les curieux des choses nouvelles sont toujours bien aises d’en connaître les véritables sources, ils sauront qu’un certain ecclésiastique de notre temps qu’on