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mant ; elle y est pourtant, et très-bien développée ; seulement, c’est une larme de Jocabed. — Smarra, ou le Cauchemar, a été aussi exploité par Saint-Amant aussi bien que par Charles Nodier, et l’on trouve dans son œuvre beaucoup de pièces de fantasmagorie qui rendraient des points à ce qu’il y a de plus noir en ce genre en anglais et en allemand. — Martin, à lui seul, ferait un tableau de nature biblique plus éblouissant que celui du bain de la princesse de Termuth. — Elle met le pied dans le fleuve sur un degré de nacre et d’agate, entre deux pyramides, sous un pavillon couleur de saphir ; un grillage d’or laisse passer l’eau d’argent du fleuve, où de grands arbres trempent le bout de leurs cheveux ; elle sort du bain, et son ombre blanche se réfléchit de colonne en colonne sur le porphyre poli comme l’ombre d’un cygne sur un lac.

— Je crois qu’en voilà assez pour faire pardonner à Saint-Amant le fameux vers :

Les poissons ébahis les regardant passer.