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Montre qu’ils n’ont en eux muscle, artère, ni veine,
Ni nerf, qui ne frémisse et ne s’enfle de peine ;
Et mon œil agité voit en leur mouvement
Leurs pas sur le sablon empreints confusément.

Courage ! du payen la valeur diminue :
Sa force de son ire est en vain soutenue,
Il fleschit, et l’Hébreu, terminant le combat,
L’estraint, le fait gémir, le soulève, l’abat,
Lui presse d’un genouïl l’estomach qui pantèle,
Et, lui voyant tirer une dague mortelle
Qu’en l’ardeur de la lutte il a mise en oubly,
Lui surprend d’une main le poignet affaibly,
De l’autre ouvre ses doigts, les détord, l’en arrache.
En tourne en bas la pointe, et par trois fois la cache
Jusqu’à l’argent du manche, exquisement gravé,
Dans le flanc de son maître…


Ceux qui s’occupent de poésie peuvent faire une comparaison de ce morceau à celui du combat de don Paëz avec Etur de Guadassé dans les Contes d’Espagne et d’Italie ; c’est un rapprochement très-curieux à faire pour les similitudes d’action et de style qu’il présente.

La comparaison suivante est un petit tableau achevé :


Ainsy serait ému l’oiseau qui niche à terre,
Si lorsque le réveil ses paupières desserre,
Au lieu de sa compagne, il trouvait à son flanc
Une longue couleuvre au dos bleu, gris et blanc ;
Il quitteroit le nid, battrait l’une et l’autre aile,
Se mettrait aussitôt à chercher sa femelle,
Et d’un ton gémissant et d’un air effrayé
Prendrait soudain de l’air le chemin non frayé.


M. de Vigny serait peut-être bien étonné de retrouver dans Saint-Amant l’idée qu’on a trouvée si charmante de cette larme du Christ recueillie dans l’urne de dia-