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Amant excelle entre tous autres ; ses voyages nombreux en Italie, en Angleterre, en Amérique, aux îles Canaries, En Espagne, en Afrique, sur la Méditerranée et ailleurs, le mettent à même de varier sa palette à l’infini et de la charger de couleurs originales et franches.


« Je m’assure, dit-il, que ceux qui n’ont pas tant voyagé que moi et qui ne savent pas toutes les raretés de la nature, pour les avoir presque toutes vues comme j’ai fait, ne seront point marris que je leur en apprenne quelque particularité.

« La description des moindres choses est mon apanage particulier ; c’est où j’emploie le plus souvent ma petite industrie. »


À son retour de Pologne, il commença à vivre d’une manière plus sage et plus réglée, et se vint loger rue de Seine. — Malgré ses désordres, il avait toujours eu un fonds de piété naturelle, et un beau sentiment religieux respire dans quelques pièces qu’il a écrites sur la fin de sa vie. — Ce fut la seule époque où l’inculpation de Boileau sur sa misère semble avoir quelque fondement : il paraît qu’il manqua d’argent pour payer son hôte, qui du reste ne lui en demandait point, le connaissant de longue main et le sachant incapable de lui faire tort ; — cela le fit entrer dans une mélancolie que la mort de ce même hôte et la crainte de se trouver sans ressources augmentèrent encore, et qui le conduisit au tombeau, après une maladie de peu de jours, en l’an 1666, d’autres disent que le peu de succès d’un poème à la louange de Louis XIV,