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Et je ne chante plus Laure à la tresse d’or,
Laure, la chère sœur de mon cher Alidor ;
Je quitte ces beautés qu’enfin le temps efface,
Ou que la mort détruit pour prendre une autre face.
Des yeux plus innocents ou de meilleurs desseins,
Des sentiments meilleurs et des sujets plus saints, etc., etc.


Ces vers soit agréablement tournés et d’un meilleur goût que beaucoup d’autres du même poème que nous citerons pour égayer le lecteur ; ils font partie du début de la Magdalénéide, et montrent dans le poème l’intention de renoncer au monde et de ne plus traiter désormais que des sujets pieux et édifiants : intention qu’il a exécutée fidèlement. Depuis son entrée en religion il fit deux poèmes, tous deux sacrés : l’un qui est la Magdalénéide, l’autre qui est l’Éliade, à la gloire d’Élie, patron de l’ordre du Carmel, qui n’a pas été imprimé, et la Muse bouquetière de Notre-Dame de-Lorette, imprimée en 1672, à Viterbe, in-8o qu’il nous a été impossible de trouver, quelques recherches que nous ayons faites. Le seul auteur qui en fasse mention est le père de Villiers, dans sa Bibliotheca carmelitana. Nous ne l’avons jamais vue sur aucun catalogue ; et c’est dommage, car le titre, à la fois galant et mystique, promettait quelque chose de peu commun et de singulièrement bouffon.

En mémoire de son ancienne maîtresse, il choisit d’abord la Magdelaine, et y travailla pendant quelques jours avec beaucoup de feu et d’assiduité ; mais il lui prit un scrupule : il se reprocha la secrète douceur qu’il avait à écrire le nom de celle qu’il avait autrefois tant aimée, et bon esprit s’apercevant du subterfuge que son cœur avait