chaude et luxuriante qui cache beaucoup de diamants dans son fumier, mais il n’a pas l’élévation et la mélancolie de Théophile, ce qu’il rachète par un grotesque et un entrain dont Théophile n’est pas doué. — L’un fait de la poésie d’homme gras, l’autre de la poésie d’homme maigre, voilà la différence. Pour Malherbe et Racan, quoiqu’ils soient plus irréprochables, ils lui sont assurément inférieurs, et j’ai toujours été étonné du discrédit et de l’oubli où ce nom recommandable à tant d’égards est tombé depuis si longtemps, maintenant que les réformes qu’il voulait introduire sont acceptées de tout le monde, peut-être n’y trouvera-t-on rien que de fort simple et de fort naturel ; mai il faut se reporter au temps ; et par ce qui arrive dans la suite, on verra combien Théophile était un esprit progressif et en avant de son siècle ; mais toutes les vérités ont toujours quelque pauvre saint Jean précurseur qui marche hors de la voie, prêche dans le désert et meurt à la peine. — Théophile a été un de ceux-là ; et s’il revenait au monde maintenant, nul doute qu’il ne fût une des plus lumineuses étoiles de la nouvelle pléiade.
Une chose assez singulière à remarquer, c’est que Théophile est le premier qui ait écrit un ouvrage en prose et en vers. Le sujet est la mort de Socrate, sujet traité aussi par M. de Lamartine, coïncidence assez bizarre, si elle est fortuite. — Voilà à peu près tout ce que je puis vous dire de mon homonyme. Si vous voulez en savoir davantage, tâchez de trouver ses œuvres complètes en un gros volume assez mal imprimé et plein de fautes, qui se rencontre quelquefois sur les parapets