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rubis, paroissoit aux portes de l’Orient ; les étoiles, éblouies d’une plus vive clarté, laissoient effacer leur blancheur et devenoient peu à peu de la couleur du ciel. Les bêtes de la queste revenoient aux bois, et les hommes à leur travail ; le silence faisoit place au bruit, et les ténèbres à la lumière. »

Et tout le reste, que la vanité des faiseurs de livres fait éclater à la faveur de l’ignorance publique.

Il faut que le discours soit ferme, que le sens y soit naturel et facile, le langage exprès et signifiant ; les afféteries ne sont que mollesse et qu’artifice, qui ne se trouvent jamais sans effort et sans confusion. — « Ces larcins, qu’on appelle imitation des autheurs anciens, se doivent dire des ornements qui ne sont plus à notre mode. Il faut écrire à la moderne. Démosthène et Virgile n’ont point écrit en notre temps, nous ne saurions écrire en leur siècle. Leurs livres, quand ils les firent, étoient nouveaux, et nous en faisons tous les jours de vieux : l’invocation des Muses, à l’exemple de ces payens, est profane pour nous et ridicule. Ronsard, pour la vigueur de l’esprit et la nue imagination, a mille choses comparables à la magnificence des anciens Grecs et Latins, et a mieux réussi à leur ressembler qu’alors qu’il les a voulu traduire, et qu’il en a pris ce Cytherean, « Patarean par qui le trépied Tymbrean. » Il semble qu’il se veuille rendre incognu pour paroître docte, et qu’il affecte une fausse réputation de nouveau et hardy écrivain. Dans ces termes étrangers il n’est point intelligible pour les Français. Ces extravagances ne font que dégoûter les sçavants et étourdir les faibles. On appelle