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Je vous présente la requeste
De ce pauvre faiseur de vers.

Si j’estois du plus vil mestier
Qui s’exerce parmi les rues,
Si j’estois fils de savetier
Ou de vendeuse de morues,
On craindroit qu’un peuple irrité
Pour punir la témérité
De celuy qui me persécute,
Ne fist avec sédition
Ce que sa fureur exécute
Dans son aveugle émotion.

Dedans ces lieux voués au malheur,
Le soleil, contre sa nature,
A moins de jour et de chaleur
Que l’on n’en fait à sa peinture ;
On n’y voit le ciel que bien peu,
On n’y voit ni terre ni feu ;
On meurt de l’air qu’on y respire ;
Tous les objets y sont glacez ;
Si bien que c’est icy l’empire
Où les vivants sont trespassez.

Comme Alcide força la mort
Lorsqu’il lui fit lascher Thésée,
Vous ferez avec moins d’effort
Chose plus grande et plus aisée :
Signez mon eslargissement ;
Ainsi de trois doigts seulement
Vous abattrez vingt et deux portes
Et romprez les barres de fer
De trois grilles qui sont plus fortes
Que toutes celles de l’enfer.


Voici comme il s’exprime dans une apologie adressée au roi :

« Un homme qui fait profession de religieux et qui a fait le dernier vœu, s’advisa de corriger votre clémence,