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que possible dans les limites de la critique, sans empiéter sur les catalogues et les dictionnaires.

Nous avons choisi çà et là, à différentes reprises, et un peu au hasard de la lecture, quelques types qui nous ont paru amusants ou singuliers, et nous avons tâché de débarrasser du fatras les traits les plus caractéristiques d’écrivains tombés dans un oubli trop souvent légitime, et d’où personne ne s’avisera de les retirer ; — à l’exception de ces fureteurs infatigables, qui restent debout des journées entières, au soleil, l’été, à la bise, l’hiver, remuant la poudre de ces nécropoles de bouquins qui garnissent les parapets des quais.

La plupart des pauvres diables dont nous nous sommes occupé seraient tout à fait inconnus, si leurs noms n’avaient pas été momifiés dans quelque hémistiche de Boileau, à qui, à défaut de hautes qualités de poëte, nul ne peut refuser un bon sens cruel. Cependant, quelques-uns d’entre eux ont joui, en leur temps, d’une grande réputation ; des gens instruits, pleins de goût et de jugement, des personnes de qualité, ayant l’usage du monde et de la cour, leur ont trouvé du talent, du génie même. Les éloges en prose, les vers, en grec, en latin, en espagnol, en français même, ne leur ont pas manqué, et, ce qui est plus significatif, les pensions, les sinécures, les cadeaux et les régals de