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— Oh pas ici, mais à Calcutta, rue de l’Éléphant-Bleu, 25 ; c’était l’heure où il avait l’habitude de rentrer. Sir Arthur Sidney habite l’Inde depuis deux ans.

— Et il n’est pas revenu ?

— Pas que je sache, répondit le domestique poussant toujours William du côté de la porte.

— Je viens cependant de le voir dans une rue près de l’église Sainte-Margareth.

— Mylord aura été abusé par une ressemblance, car sir Arthur, s’il était à Londres, nous aurait prévenus de son arrivée, et serait très vraisemblablement descendu à son hôtel, répondit le domestique d’un ton de politesse ironique et en fermant au nez de William Bautry, qu’il prenait évidemment pour un aigrefin, le battant de la porte dont il n’avait pas abandonné le bouton pendant la durée de ce colloque.

Reprenant son chemin, sir William se dit en lui-même : Ou Sidney n’est pas réellement à Londres, ou ce drôle à reçu sa leçon. J’ai pourtant bien reconnu Arthur, et Benedict lui a parlé en le nommant. Si Benedict avait des dettes, je croirais qu’un recors s’est grimé à la ressemblance de sir Arthur afin de l’entraîner à la prison pour dettes. Après cela, je vais peut-être le trouver chez miss Amabel, expliquant son incartade de la manière la plus naturelle du monde.

Sir Benedict Arundell n’était pas chez sa fiancée, à qui lady Braybrooke, voyant son morne désespoir, tâchait de prouver que rien n’était plus naturel que de disparaître au moment du mariage, et que sir Alan Braybrooke, le plus galant des