l’intimité d’un déshabillé matinal, et se montrait insensible à tous les gracieux détails de la nature anglaise. Le pittoresque le préoccupait assurément fort peu — en ce moment là — quoiqu’il ne parût pas appartenir à la classe épaisse des philistins et des bourgeois. Une idée unique, persistante, le possédait : celle d’arriver.
Grâce à la nouvelle impulsion donnée à la marche de l’attelage par Little-John, rassuré désormais sur l’éventualité d’un accident, le voyageur pressé parut respirer plus à l’aise, son front se rasséréna, et il remit la montre dans son gousset.
— Allons, dit-il à demi-voix, j’arriverai à temps malgré le hasard hostile qui dans toute cette affaire semblait prendre plaisir à contrecarrer mes projets. Il ne sera pas dit que ma volonté aura été obligée de plier devant un obstacle humain. Mais quelle série de circonstances qu’on croirait combinées à plaisir pour me retarder : le vaisseau qui portait la première lettre où l’on me donnait avis de la chose qui m’intéresse à ce point de me faire quitter l’Inde subitement, rencontre, près des îles Maldive, des pirates javanais qui l’attaquent et le dépouillent ! ce n’est donc que par le second courrier que j’ai pu connaître ce qu’il m’importait tant de savoir. Je nolise le bâtiment le plus fin voilier que je puis trouver libre à Calcutta ; une tempête abominable me fait perdre huit jours dans le détroit de Bab-el-Mandeb.
La moitié de mon équipage sort de l’embouchure du Gange emportant le choléra bleu, et crève le plus mal à propos du monde. Au fond de la