Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ture était vide, et l’automédon fit approcher son char du tertre où gisait Volmerange.

— Aidez-moi, dit le faux médecin, à mettre ce gentilhomme dans votre voiture ; il a trop bu à souper de vins d’Espagne et de France, et il s’est endormi sous cet arbre dans sa petite promenade matinale. Je le connais et vais le reconduire chez lui.

Le cocher aida le passant à loger Volmerange dans le cab sans faire la moindre observation, car le fait d’un gentilhomme ivre n’est pas assez rare pour étonner. Seulement le cocher en remontant sur son siége soupira mélancoliquement en lui-même à cette réflexion : « Est-il heureux ce lord d’être gris de si bonne heure ! »

Cet axiome formulé, il lança son cheval dans la direction indiquée par l’homme qui lui avait désigné une maison située le long d’un de ces roads qui succèdent aux rues sur les confins de Londres.

Au bout de quelques minutes, la voiture s’arrêta devant un mur dans lequel était coupée une petite porte verte dont le bouton de cuivre reluisait comme l’or. Des arbres à moitié effeuillés, qui dépassaient le chaperon de la muraille, indiquaient qu’un jardin assez vaste séparait la maison de la rue.

L’homme qui avait administré à M. de Volmerange le cordial à l’effet stupéfiant tira le bouton et sonna plusieurs fois, séparant ses coups par des intervalles qui paraissaient avoir une signification réglée d’avance.

Un domestique vint ouvrir ; l’homme lui dit