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les cruautés de l’amour

Tandis qu’Ivan faisait asseoir son hôte près du poêle et lui versait un verre de thé, André gagna la chambre de Clélia et heurta à la porte.

— Qui est là ? dit la jeune fille.

— C’est moi, dit André. Me permettez-vous de vous dire un mot ?

— Entre, entre.

Le jeune homme ouvrit la porte, mais resta sur le seuil.

— Eh bien ! dit Clélia, viens donc. Qu’est-ce qu’il y a ?

— Barinya, dit André, vous avez dû déjà vous apercevoir que votre rôle de paysanne vous expose à entendre des propos peu faits pour vos oreilles. Hier, un paysan a osé vous parler d’amour.

— Ah ! le moujik à la barbe jaune ! s’écria Clélia en éclatant de rire au souvenir de son nouvel amoureux.

— Vous vous êtes moquée de lui, bien qu’il fût dans son droit en courtisant une paysanne, mais les moujiks ont l’esprit borné et celui-là n’a pas cru vous déplaire.

— Vraiment.

— Son père est en bas qui demande votre main à mon père.

— Est-ce possible ? s’écria la jeune fille en se remettant à rire.