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les cruautés de l’amour

Macha accourut avec un paquet, et elles entrèrent dans la chambre.

— Hélas ! s’écria Catherine, tu as bien voulu jeter toutes tes robes à terre. Ah ! que c’est beau tout cela, on voit bien que ce sont des vêtements de grande dame.

Elle se mit à ranger la malle, poussant des cris d’admiration à chaque moment. Macha défit le paquet et la toilette de Clélia commença ; elle dura longtemps, car lorsque la jeune fille redescendit, transformée en paysanne, dans la salle commune, il faisait nuit. Le costume lui allait fort bien, il lui semblait être déguisée pour jouer la comédie dans une réunion d’amis.

Ivan était seul avec son petit-fils Fédia, qu’il faisait sauter sur ses genoux. On apporta de la lumière. Catherine et Macha s’installèrent et se mirent à coudre. Mais à chaque instant l’une d’elles se levait et allait surveiller le souper.

— Où donc est André, dit Clélia, est-ce qu’il chasse ?

Ivan sourit finement.

— Je ne crois pas, dit-il ; il doit être chez le vieux Antonovitch, un fermier du pays. Il a une jolie fille qui pourrait bien plaire à notre André.

— Akoulina, dit Macha en souriant aussi.