à acheter toutes sortes de victuailles et à en faire emplir le panier.
— Elle n’a sans doute pas de mère, se dit Maurice, et c’est elle qui dirige le ménage de son père, elle qui achète, ordonne, surveille. Rien n’est charmant comme une jeune fille maîtresse de maison.
N’osant pas la suivre dans ses allées et venues d’une boutique à l’autre, Maurice se posta à un angle de la place, de façon à ne pas perdre la jeune fille de vue. Bientôt, ses emplettes achevées, elle regagna la route. La bonne posa son lourd panier à terre, et toutes deux regardèrent du côté opposé à Enghien, comme si elles attendaient la venue de quelqu’un ou de quelque chose. Après de mûres réflexions, et surtout à l’apparition lointaine d’un gros nuage de poussière résonnant de grelots et de claquements de fouet, Maurice devina qu’elles attendaient une sorte de diligence-omnibus qui dessert les localités voisines. Plein de machiavélisme, il s’élança vers la voiture, laissant l’inconnue au bord du chemin, et il monta en omnibus comme un voyageur pressé.
— Décidément, je vais à Enghien, songea-t-il.
Comme il l’avait prévu, la jeune fille fit arrêter le coche lorsqu’il passa devant elle et y entra. Maurice put alors la regarder tout à son aise, car