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les cruautés de l’amour

quillité dont nous commencions à jouir allait être pour jamais troublée ; je reconduisis milady, toute tremblante, jusqu’à son arbre.

— Marions-nous vite ! dis-je, en lui baisant la main ; lorsque vous serez ma femme, je deviendrai hardi et fort comme un lion pour vous défendre.

— C’est après-demain samedi, me dit-elle avec un regard plein de tendresse. Je remontai dans mon arbre, assez oublieux du sauvage. Je fis un rêve où j’étais roi et vêtu de plumes de paon, où milady, reine, était vêtue aussi de plumes de paon, j’avais un grand-vizir noir comme le diable et un peuple de sauvages grands comme des montagnes. J’avais un gouvernement tyrannique et je mangeais un homme chaque matin à mon déjeuner.

Le lendemain je m’étonnai moi-même de mon oubli complet du danger. J’allais, je venais, je tournais autour de l’arbre où ma fiancée dormait encore. J’aurais voulu avoir une guitare, une flûte, un accordéon, une grosse caisse, n’importe quoi, pour lui donner une aubade. Je songeai à piller le ciel de toutes ses étoiles et la mer de toutes ses perles ; mais aux cannibales, pas du tout.

— Cela n’est que naturel, me disai-je pour m’expliquer cette indifférence et ne pas me croire malade, l’amour est un grand égoïste, qui n’admet pas qu’aucun autre sentiment règne avec lui ; et lorsqu’il