— Ces jolies mains blanches comme le jade ne sont pas faites pour serrer ces rames grossières. Ce ravissant visage doit craindre les morsures du soleil, continua Hoaï-Tsong. C’est à l’abri du palais impérial qu’il devrait s’épanouir ; c’est un sceptre d’or et de pierreries qui devrait charger cette main délicate.
En entendant ces paroles, Lon-Foo devint très-pâle et regarda avec épouvante l’homme assis en face d’elle.
— Tu te moques, seigneur, dit-elle d’une voix tremblante, une pauvre paysanne comme moi ! Je serais une tache d’encre sur du satin blanc.
— À quoi bon dissimuler plus longtemps, Lon-Foo ? dit tout à coup l’empereur. Pourquoi me fais-tu souffrir depuis deux mois ? Pourquoi te caches-tu quand je te cherche en bouleversant tout l’empire ?
— Dieu du ciel ! tu es l’empereur !… s’écria la jeune fille, qui lâcha les rames et joignit les mains.
— Pour tous, je suis l’empereur, dit Hoaï-Tsong ; pour toi, je suis seulement un homme qui t’aime.
— Aie pitié de moi, grand empereur ! s’écria Lon-Foo en se jetant à genoux.
— Quoi donc ! dit Hoaï-Tsong, est-ce ainsi que tu accueilles mon amour !