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les cruautés de l’amour

doux ; tout était bleu dans cette chambre, les parois couvertes de soie capitonnée, le tapis, le lit surmonté d’un gracieux baldaquin et qui ne s’appuyait que par la tête à la muraille.

Clélia, en peignoir blanc, était assise auprès d’une petite table et écrivait. Une lampe posée devant elle l’éclairait pleinement, la lumière se jouait dans ses cheveux couleur de miel, les contours de son visage semblaient baigner dans un fluide argenté, ses petites dents brillaient entre ses lèvres souriantes. André, cramponné aux ferrures du balcon, la contemplait avec une émotion poignante, il ne l’avait jamais vue aussi radieusement belle.

Bientôt elle posa sa plume et se renversa dans son fauteuil.

— Voilà, c’est fait, dit-elle en étirant ses bras, avec quelle joie j’ai travaillé pour lui !

Elle se leva, son peignoir traînant bruissait sur le tapis.

— Déjà trois heures ! dit-elle en remontant sa montre.

Puis elle s’assit au bord de son lit et croisa ses mains derrière sa tête.

— Ah ! mon Dieu, comme je l’aime ! dit-elle à demi voix.

— Malheureux que je suis ! murmura le jeune